mardi 22 novembre 2011

La Cathédrale

La cathédrale Ste Elisabeth à Košice (anciennement Kassa, ville natale de Sándor Márai)


LA CATHÉDRALE
L’homme considère les cathédrales depuis longtemps comme des oeuvres d’art. Il se promène sous ses ogives, admire les ostensoirs, les stalles sculptées, leurs trésors. Et tout cela avec une attention polie, peut-être sont-ils enthousiasmés. Oui bien sûr, la cathédrale de Florence, de Chartres, de Paris, la cathédrale de Kassa.
Et puis la vie souffle avec sa tristesse, ses expériences et sa désespérance. Et un jour nous commençons à envier les vieux, les vieillards, les vieilles femmes rabougries, qui – à Florence, Chartres, Paris ou Kassa– viennent dans la semi-obscurité de la cathédrale pour prier, y faire un roupillon ou aussi simplement se perdre dans leurs souvenirs et n’ont aucune idée des chefs d’œuvre devant lesquels ils s’agenouillent. C’est pour eux que la cathédrale a été bâtie. Leur naïveté est le véritable sens d’une cathédrale.

Extrait de "Ciel et terre"
d'après la traduction en allemand d'Ernö Zeltner




vendredi 11 novembre 2011

Pays

PAYS
Dans son pays officiel, historique, dans le pays à blason, à code civil, à police, à armée, à drapeaux-flottant-au-vent et qui claironne des solutions, il faut toujours, continuellement, avec une attention et une persévérance toujours plus obstinées, oui, toujours plus douloureuses, avec indulgence et délicatesse rechercher son véritable pays, qui est peut-être la langue, peut-être l’enfance, peut-être une rue bordée de platanes ou bien la porte cochère où une fois j’ai tendu l’oreille à une mélodie qui jaillissait vers le monde de la fenêtre ouverte d’un appartement à l’étage – peut-être ce mot « coucher de soleil ! … ». Ce pays, je le cherche toujours, avec d’autant plus d’amour obstiné et de véhémence que cet autre pays officiel et historique, celui à blason et à drapeaux-flottant-au-vent me le masque.

Extrait de "Ciel et terre"
d'après la traduction en allemand d'Ernö Zeltner

Armistice

Souvenir de la fin de la sanglante boucherie qui a dévasté l'Europe il y a presqu'un siècle. Sándor Márai y a échappé. Son "inaptitude" a-t-elle eu à voir avec la notabilité de son père ?
Pour la Hongrie les combats avaient déjà cessé depuis le 3 novembre, mais cette guerre retentira dans l'oeuvre de Márai par ses conséquences et surtout par la séparation de sa ville natale, Kassa, du territoire et de la langue hongroise, au traité de Trianon (4 juin 1920).

mercredi 2 novembre 2011

Fuite

" Je n’ai pas de visa pour un autre pays et pas d’argent non plus ; la bourgeoisie, la classe à laquelle j’appartiens, perd sa clôture ; elle ne peut plus ni conserver ni défendre celui qui l’incarne : le bourgeois. Où devrais-je fuir ?
Dans mon travail je cherche refuge ; où pourrais-je ailleurs que dans ce bannissement muet, dans l’exterritorialité du papier blanc. Je m’enfuis dans mon occupation qui est à la fois forme de vie et sens des réalités, justice et doute, distance et style. C’est mon autre pays ; un pays dur, où vivre n’est pas un bonheur, pas un paradis. Et pourtant c’est un pays, un chez-soi, triste et authentique, pour moi le seul chez-soi dans ce monde. "


Extrait d' Ars Poetica, 2ème partie de Ciel et terre. 

mardi 1 novembre 2011

La conversation de Bolzano au théâtre

"La Conversation de Bolzano" sera jouée à Paris au Théâtre de l'Atalante, 10, place Charles Dullin - 75018 Paris à partir du 30 mars 2012.


Mise en scène de Jean-Louis THAMIN
Du vendredi 30/03/12 au jeudi 19/04/12

A propos de L'étrangère

« Márai est un écrivain d'une cruauté infinie, détaillant la mesquinerie des hommes, tout juste capables d'éprouver de « petites souffrances » qui jalonnent leur existence médiocre. » Télérama