lundi 19 mars 2012

Joie

Ce n’est pas vrai qu’écrire n’est que lutte et combat, que cheminement dans les déserts ou les champs de neige des feuilles du manuscrit – il y a des jours et des semaines où écrire donne de la joie, où les formidables forces avec lesquelles tu luttes, te sont service, t’élèvent la vie et le travail, te soustraient à la loi de la pesanteur, il y a des jours où c’est un sentiment de bonheur d’écrire, où tu donnes des ailes à cet élément secret, où tu avances avec légèreté dans l’élément de la forme et de la pensée ! Mais comme ils sont rares ces jours-là, ce bref instant. Et incontestablement ce n’est pas non plus au moment le plus approprié pour le travail ! Les jours où le travail est joie sont pleins de modestie. Ce n’est pas là que tu écris héroïquement. Dans ces moments là l’écrivain ne travaille qu’humblement, penché sur les feuilles du manuscrit au lever du jour, plein de gratitude à la fois pour ce don incompréhensible et cette grâce divine, qui ne lui est pas complètement intelligible et qu’intérieurement il va même jusqu’à un peu mépriser.
Extrait de "Ars Poetica", deuxième partie de "Ciel et terre"
d'après la traduction en allemand d'Ernö Zeltner

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