dimanche 3 janvier 2016

Nouvel An

Voici ce qu'écrivait Márai dans son journal, il y a 70 ans au seuil de l'année 1946 :
 
Nouvel an. Le Danube est un miroir, comme de l’eau dormante. Calme reflet au-dessus d’un pays soulagé.  Dans l’eau se baignent paisiblement des oies sauvages. Il y a un an aujourd’hui  y flottaient des cadavres pieds et poings liés.
Il y a un an aujourd’hui ce pays se tordait sous les coups de baïonnette de la guerre. Maintenant il poursuit sa guérison. Les gens meurent encore dans la misère et l’inutilité, mais tout est en train de guérir. Dans deux ans quand les terres auront été labourées assez profond on ne retrouvera plus trace de la guerre sur ce pays. Et les hommes oublieront vite eux-aussi. Dans deux ans, si je vis encore, tout sera plus important que ce qui était réalité il y a un an.
Hélas pour lui, deux ans après, il prendrait le chemin de l'exil.